Trois ans après mon dernier voyage en Chine, je suis donc retourné au berceau du tai-chi-chuan. J'ai eu le privilège d'être accueilli dans l'école de Me Zhang Baozhong, l'un des meilleurs disciples de Me Wang Xian ; il m'a corrigé personnellement et détaillé sa méthode, à la fois solide sur le plan de la santé (notamment des genoux) et sur le plan martial (grâce à la force générée par la structure).
Cette école se situe dans la province du Henan, à Wenxian, à quelques kilomètres de Chenjiagou. Y vivent de jeunes élèves très travailleurs, supervisés par des instructeurs hautement qualifiés (voir la vidéo à l'épée au bas de cet article). Me Zhang Baozhong leur transmet une méthode imparable qui s'appuie sur quelques points essentiels :
- l'immobilité et la structure des jambes, dont le genoux ne décrivent pas de ronds, délétères pour les articulations et inefficaces martialement (voir plus bas) ;
- le pliement et le dépliement des aines, dont le mécanisme remplace les mouvements des jambes à supprimer ;
- l'accrochage des pieds au sol, qui contribue à l'ancrage à l'édifice ;
- l'orientation du buste, dont les épaules s'alignent la plupart du temps avec les hanches ;
- le maintien du haut du corps, qui ne doit pas s'écrouler vers le bas ;
- l'arc dessiné par les bras, qui confère solidité à l'édifice ;
- la précision des techniques de mains (forme de la paume, orientation de la main, jonction poignet/avant-bras) ;
- etc.
En pratique, satisfaire à l'ensemble de ces contraintes se révèle très éprouvant physiquement. Ce n'est pas une méthode d'accès facile, mais les récompenses sont heureusement à la hauteur des efforts.
La question de la fixité des jambes (hormis lors des déplacements évidemment) est cruciale mais surprendra sans doute la plupart des pratiquants de tai-chi-chuan style Chen en France. A ce sujet, j'ai eu une discussion très intéressante avec l'un de ses meilleurs instructeurs, qui a su parfaitement justifier cette contrainte. Du point de vue de la santé des genoux, décrire des ronds est néfaste et entraîne des pathologies liées aux torsions imposées sur l'articulation. Du point de vue martial, la boucle décrite par le genou entraîne une diminution momentanée de la force et ouvre une porte pour l'adversaire exerçant une poussée contre soi. Il suffit de le tester pour s'en convaincre.
Nul besoin de préciser que Me Wang Xian place toute sa confiance dans son disciple et cette méthode. Le hasard a voulu que nous le croisions dans cette école. Il n'a pas ressenti le besoin de nous corriger, estimant que nous étions ici entre de bonnes mains.
Cette méthode rigoureuse et efficace sera désormais le socle de ma pratique et de mon enseignement. Elle constituera le fil rouge des cours que je donnerai dès le mois de septembre à Paris.
Approfondissement de la forme d'épée avec l’instructeur Liu Yinglu
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Adon (lundi, 20 août 2018 22:07)
Le travail des kouas, l'aine, me semble avoir été abordé/proposé par une disciple du maitre Wang Xi'An il y a encore peu de temps en France.
Rodolphe (lundi, 20 août 2018 22:37)
Si tu parles de la personne à laquelle je pense, sa manière de faire est très différente voire opposée ...