Ce dimanche 16 juin 2019, dix participants étaient réunis au parc de Sceaux pour un atelier sur l'épée co-animé avec Weijia Cambreleng. C'était en quelque sorte le premier événement organisé par l'Académie Chan Wu Dao.
Avant toute chose, il faut savoir que l'épée (剑 / jiàn) a cédé sa place au sabre (刀 / dāo) sur les champs de bataille sous la dynastie des Han (-206 à 220) pour devenir l'arme des généraux, des gentilshommes, des lettrés, et des prêtres (taoïstes). C'est donc une arme qui a incarné des valeurs éthiques telles que la droiture, le sens de l'honneur, la loyauté ou à qui on prêtait des pouvoirs magiques permettant de pourfendre les esprits maléfiques. Malgré cette évolution symbolique, sa forme est restée quasiment inchangée au cours des siècles. Elle se caractérise par deux tranchants quasiment parallèles terminés par un rétrécissement rapide aboutissant à la pointe. Il est essentiel de bien connaître et comprendre la fonction de chacune de ses parties :
- la houppe (décorative ou servant à l'équilibrage de l'ensemble) ;
- le pommeau (avec lequel il est possible de frapper) ;
- la poignée ou fusée ;
- la garde et ses deux quillons (destinés à protéger la main) ;
- la lame, faite de deux tranchants et décomposée en trois parties, à savoir le premier tiers (le plus solide, donc utilisé notamment dans les poussées, les levés, les blocages), le tiers central (utilisé pour trancher), le dernier tiers (utilisé pour fendre ou couper) ;
- la pointe, dont la partie biseautée sert à pointer (en avant ou en arrière) et l’extrémité à percer.
La saisie de sa poignée doit être souple, sans crispation, afin de permettre aux doigts de relâcher leur prise si nécessaire (par exemple dans l'action d'accrocher).
Les treize techniques fondamentales de l'épée sont les suivantes :
- fendre (劈 / pī) ;
- percer (刺 / cì), comme dans "le dragon vert émerge de l'eau" ou "l'immortel montre le chemin" ;
- pointer (点 / diǎn), en fléchissant le poignet ;
- couper vers le haut (撩 / liāo) ;
- accrocher (挂 / guà ), comme dans "l'aigle et l'ours rivalisent de sagesse" ;
- frotter (抹 / mǒ), comme dans "vol oblique" ;
- balayer (扫 / sǎo), comme dans "remuer l'herbe pour chercher le serpent" ;
- soutenir (托 / tuō), comme dans "le coq d'or sur une patte" ;
- bloquer (架 / jià), comme dans "l'épée face au sud" ou "Zhongkui tient l'épée" ;
- pousser (推 / tuī), comme dans "porter mille livres" ;
- intercepter (截 / jié), comme dans "le dragon noir agite sa queue" ;
- piquer (扎 / zhā), comme dans "Nezha sonde la mer" ;
- transformer (化 / huà).
L'enchaînement traditionnel du style Chen comporte quarante-neuf mouvements. Son exécution demande agilité et légèreté dans les déplacements. Elle doit rappeler "un dragon ailé qui fend les nuages". Les principes gouvernant la pratique à mains nues doivent se retrouver dans le maniement de l'épée, à savoir la verticalité, l'enracinement, la détente, l'alternance du vide et du plein, de l'ouverture et de la fermeture, ... Celle-ci agit alors comme le prolongement du bras. Par ailleurs, un écueil consisterait à négliger l'autre bras, qui a une action de soutien ou d'équilibrage, et dont la forme de main caractéristique (剑指 / jiàn zhǐ), index et majeur étendus et pouce sur annulaire et auriculaire, doit être maintenue tout au long de l'enchaînement.
Une durée de trois heures était évidemment trop courte pour travailler l'ensemble de cet enchaînement. Voici la liste des mouvements que nous avons travaillés :
- Ouverture
- L’épée face au sud
- L’immortel montre le chemin
- Le dragon vert sort de l’eau
- L'épée protège le genou
- Fermer la porte
- Le dragon vert sort de l’eau
- Se retourner et fendre vers le bas
- Le dragon vert se retourne
- Vol oblique
- Déployer ses ailes et effleurer la tête
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Shamms (lundi, 17 juin 2019 10:38)
Merci beaucoup pour ce compte-rendu riche et très fidèle à ce que l’on a travaillé.
Bel été et à très bientôt.
Shamms
Stephane (lundi, 17 juin 2019 22:17)
Merci pour l'atelier et ce compte rendu très complémentaire. A bientôt