Philippe Delage vient de nous quitter. Il fut pour beaucoup un mentor, un guide, notamment pour parcourir la voie du taijiquan style Chen. Ses recherches martiales ont nourri beaucoup de pratiquants. C'était aussi un homme chaleureux, accueillant, iconoclaste, ce qui le rendait particulièrement attachant.
Parmi tous les souvenirs qui me relient à lui, il en est un que j'aime raconter à mon entourage. C'était ma première rencontre avec lui, en janvier 2010. Je pratiquais le taijiquan style Chen depuis un peu plus de deux ans, avec une enseignante qui négligeait la composante martiale de cet art. J'avais donc pris contact avec l'IRAP pour entamer une formation avec les disciples français de Me Wang Xi'an, Philippe Delage et Alain Caudine. Les stages se déroulaient à Paris, au sous-sol de la Maison des Mines et des Ponts et Chaussées. Philippe et Alain enseignaient en binôme, chacun apportant un éclairage particulier, ce qui rendait les cours passionnants. Le travail des applications martiales fut une révélation pour moi. Philippe y excellait évidemment. En la matière, ses méthodes d'enseignement étaient aussi surprenantes qu'efficaces. Ce jour-là, il m'infligea une clé douloureuse au poignet. Genou au sol, tétanisé par la souffrance, je ne voyais aucune porte de sortie. La leçon de Philippe portait sur l'inutilité de la résistance, le relâchement étant la seule échappatoire. Ce type d'expérience marque à jamais. L'autre partie de son enseignement sortait du domaine purement technique. Il s'agissait de leçons de vie s'appuyant sur des anecdotes, des expériences vécues, données au milieu de conversations informelles, assis sous un arbre ou autour d'un bon repas.
Il reste aujourd'hui encore l'une de mes sources d'inspiration. Son souvenir restera gravé dans nos mémoires.
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