Ce dimanche 24 septembre avait lieu notre premier atelier de la saison 2017-2018. Dix personnes étaient au rendez-vous dans le 12e arrondissement de Paris, dans la paisible salle de la Maison "les 4H", qui dispose aussi d'une cour intérieure plus spacieuse.
L'atelier était découpé en trois parties explorant les fondamentaux du style Chen :
- zhàn zhuāng (站桩), la posture du pieu ;
- chánsī jìng (缠丝劲), l'énergie d'enroulement de la soie ;
- bù fǎ (步法), les déplacements, les pas.
La posture du pieu a été l'occasion de mettre en place certains ajustements corporels qui doivent se retrouver dans les autres composantes de la pratique (enchaînements, poussée des mains, etc.) :
- aligner les points bǎihuì (百会), au sommet du crâne, et huìyīn (会阴), au périnée, en basculant légèrement le bassin pour atténuer la cambrure lombaire et en rentrant légèrement le menton ;
- arrimer les épaules sur le dos pour éviter leur enroulement vers l'avant ;
- maintenir la poitrine en soi, hán xiōng (含胸) ;
- laisser le souffle s'accumuler dans l'abdomen, qì chén dāntián (氣沉丹田) ;
- porter le poids en avant du talon en agrippant légèrement les orteils au sol, wǔ zhǐ zhuādì (五趾抓地).
Certains participants ont pu remarquer qu'un ajustement particulier de leur corps entraînait des déséquilibres ailleurs. Satisfaire à l'ensemble de ces ajustements n'est pas une mince affaire, mais cette posture deviendra plus naturelle avec la pratique. S'observer devant un miroir peut être une aide précieuse. En travaillant avec un partenaire qui nous saisit les poignets et qu'il faut déraciner, nous avons aussi pu travailler l'enracinement et la notion de corps entier. Enfin, nous avons pu observer que de cette posture du pieu dérivaient certaines postures des enchaînements à mains nues. Ce sont des postures qui manifestent une large ouverture et qui expriment une force en expansion, péng (掤). Cependant, conformément au dicton qui rappelle qu'il existe une fermeture dans l'ouverture, il convient de serrer les côtes, shù lèi (束肋), afin de ne pas exposer les flancs.
La seconde partie de cet atelier a porté sur les enroulements shùn chán (顺缠) et nì chán (逆缠), que l'on peut respectivement traduire par enroulements dans le sens du courant et à contre-courant. Ces enroulements se travaillent grâce à des exercices dans la posture 70/30, avec un ou deux bras. Les mouvements doivent être lents, continus, et circulaires. Ils doivent se déployer en partant de la taille, puis l'épaule, le coude et enfin la main. Le poids se transfère successivement d'un pied vers l'autre. Une chose essentielle est qu'il faut renoncer à exécuter ces exercices en faisant des ronds avec les genoux. Les rotations doivent se faire au plus près des aines, kuà (胯). De cette façon, les membres inférieurs sont véritablement connectés au bassin, ce qui confère solidité et puissance. Ces enroulements ont été illustrés par plusieurs applications martiales à partir d'une simple saisie au poignet.
Dans la dernière partie de cet atelier, nous avons détaillé deux déplacements caractéristiques du style Chen. Le premier est une marche en diagonale qui se décompose de cette façon :
- ployer les genoux dans une posture de regroupement, dūn (蹲) ;
- faire un pas d'ouverture en diagonale en rasant le sol et en posant d'abord le talon, kāi bù (开步) ;
- faire une rotation de la cuisse vers l'extérieur sur la jambe arrière puis la jambe avant en transférant le poids vers l'avant ;
- alléger la jambe avant pour pivoter le pied vers l'extérieur ;
- ramener vigoureusement la jambe arrière.
On retrouve typiquement ce déplacement dans le mouvement yě mǎ fēn zōng (野马分鬃). Au passage, nous avons vu que les bras pouvaient soit se dérouler de la taille jusqu'à la main, soit maintenir un arc et exprimer une force en expansion, chacune des deux options correspondant à deux applications martiales bien distinctes.
Le second déplacement était la marche en avant du mouvement ào bù (拗步), qui se décompose ainsi :
- à partir de la posture de l'arc, gōng bù (弓步), ramener la jambe arrière contre le corps en montant le genou ;
- dérouler la jambe vers l'avant puis la poser loin devant sur le sol ;
- faire un pas d'ouverture en diagonale, kāi bù (开步).
Il a été rappelé que ce pas ressemblait à celui d'un félin et devait donc être léger, souple et silencieux.
Pour conclure cet atelier, deux applications martiales ont permis de résumer l'ensemble des principes et exercices abordés cet après-midi. La première, en réaction à une torsion du poignet en supination vers l'extérieur, a permis de travailler l'enroulement shùn chán (顺缠) suivi d'un pas pénétrant afin de repousser l'adversaire. La seconde, en réponse à une torsion du bras en pronation vers l'extérieur, a permis de travailler l'enroulement nì chán (逆缠) suivi d'un pas ouvrant et d'une percussion de l'épaule, kào (靠).
Une fois ces exercices fondamentaux acquis, l'apprentissage des enchaînements à mains nues se fait plus rapidement. Le pratiquant plus avancé a également tout à gagner à reprendre régulièrement ces exercices afin d'affiner sa posture, sa technique, ses perceptions, et son sens du timing dans le travail avec un partenaire.
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de lambertye caroline (lundi, 25 septembre 2017 13:19)
Merci beaucoup Rodolphe, et félicitations pour ce bel atelier, ainsi que pour le CR, c'est vraiment super bien.
A bientôt pour le prochain,
Amicalement,
Caroline
Patrick (mardi, 26 septembre 2017 22:33)
Rodolphe, merci pour ce stage et pour partager toutes ces informations. A très bientôt.
Patrick